
Une place pour tout le monde I
Peu importe laquelle
Depuis mon arrivée à Montréal, je travaille dans un espace de coworking. C’est une première pour moi. Je n'ai jamais partagé d'espace de travail avec des gens qui ne faisaient pas partie de mon entreprise. Cette nouvelle expérience va m'apprendre énormément de choses, que ce soit sur ma manière d'appréhender mon environnement de travail, mais aussi sur le découpage du temps de ma journée et des liens qui m'unissent aux usagers de l'espace collaboratif. Bien entendu, comme partout, il y a des bonnes et de mauvaises expériences, mais avant toute chose, parlons un peu du lieu où je me trouve.
Ce lieu, qui m'accueille pour les trois prochaines semaines, c'est le "Pop up lab", un espace collaboratif. À la différence d’autres espaces de coworking, c’est un organisme à but non lucratif. L’idée, derrière cet endroit, est bien entendu de mettre à disposition des gens un espace de travail adéquat, mais plus que ça, il permet aux gens de se mélanger, de s'entraider et même de collaborer. Le rythme y est bien différent de ce que j'ai pu expérimenter dans d'autres endroits. On y échange très fréquemment, même si de prime abord, nous n'avons rien en commun et que nos métiers ne sont pas vraiment faits pour se compléter. Même si vous n'êtes pas un habitué, vous serez vite intégré dans toute sorte de discussions et d'activités. On y retrouve un vrai esprit de communauté. On n'y vient pas seulement pour travailler.

En dehors de ce que l'espace offre, il est très fréquent d'y voir toute sorte d'événements. Il est possible de visiter un marché de Noël, d'assister à des conférences ou encore de participer à des ateliers en tout genre. Je n'ai malheureusement pas pu en profiter lors de mon séjour. Apparemment, je suis arrivé dans un moment creux de l'année, pas forcément uniquement au Pop up lab. C'était la fin de la saison chaude et le début de la saison froide. La ville changeait de visage tous les jours et durant cette période, il faut bien avouer qu'il n'y a pas grand-chose à faire.
Il est réellement facile de s'intégrer parmi les usagers. La plupart sont ici avant tout pour échanger . Ceux qui ne le sont pas sont plus distants, mais tout de même très sympathiques. Après ces quelques jours d’acclimatation, je commence à partager mes expériences et connaissances avec les personnes présentes. C’est très rafraîchissant de parler avec des profils divers, mais surtout dont les problématiques me sont complètement inconnues. Ici, la vie est forcément différente, mais ce n’est pas pour autant que certains concepts ne s’appliquent pas. Cela me rappelle une discussion que j’avais lors de mes cours. Un arbre est un arbre. Par contre, sa représentation change. Vous pouvez le voir de côté, mais aussi du dessus. En 2D ou 3D, ou même uniquement le décrire sans jamais le montrer. Il n’y a donc pas qu’une seule solution à un problème. Il faut juste adapter sa proposition en fonction de son contexte.



Le fait d'être conscient des problématiques qui ne nous sont pas familières me semble important. Comment faire au mieux lorsqu'on ne vit pas dans le même monde ? Je me retrouve souvent devant des affiches pour des événements où les graphistes responsables proposent des designs que seule leur communauté est en mesure d'apprécier. Malgré le fait qu'elles sont souvent magnifiques, je me demande toujours si l'impact est réel et si le but est atteint. Peu importe le métier que nous sommes amenés à faire durant notre vie, nous resterons toujours au service d'une cause. Cela demande parfois des efforts pour sortir de sa propre vision des choses et j'avoue que cela n'est pas toujours facile. Je pense sincèrement que vivre une expérience dans un espace collaboratif m'a vraiment aidé à prendre un peu de recul sur ce point.
Se rendre dans un endroit totalement inconnu remet en question une partie de nos repères, ce qui peut paraître déstabilisant. Mais faire cet effort a vraiment quelque chose de positif. C’est très stimulant d’être forcé de découvrir de nouvelles choses, qu’elles soient mieux ou moins bien que celles que l’on connait. Le but étant de pouvoir s’en servir dans la vie, pour éventuellement trouver un nouveau passe-partout qui déverrouillera de nouvelles portes.