
Les fenêtres de l'inutile
Les trajets du désintérêt
Lorsqu'on se rend dans une grande ville, nous sommes d'abord témoins de sa superficie due au temps de trajet entre ses abords et son centre. Une fois en son cœur, nous serons témoins de sa grandeur en subissant l'ombre de ses bâtiments pour finalement être conscients de sa profondeur où s'articule son réseau de transport souterrain, le métro.
Mettons-nous directement d'accord, ce dernier n'a pour moi aucun intérêt. Il est vrai qu'il est sans doute le plus "rapide" et le plus "pratique" dans une certaine mesure. Il faut néanmoins garder en tête qu'il supprime tous les côtés "positifs", si l'on peut dire, des trajets. Il empêche tout repère quant aux distances, ainsi qu'à notre positionnement. Il est vitré, alors qu'il n'y a aucun paysage à admirer. Il n'est pas possible d'y travailler comme pourrait le proposer un voyage en train. Bien entendu, ce point de vue vient de quelqu'un qui n'a jamais eu à l'utiliser de manière récurrente.

Si les codes de ce transport me sont étrangers, je prends beaucoup de plaisir à les déduire des personnes qui m'entourent et qui ont l'habitude de le vivre au quotidien. Les parades pour briser l'ennui de la situation sont très variées. Bien entendu, nous retrouvons tout ce à quoi nous pouvons nous attendre, des gens lisent, d'autres discutent, certains écoutent de la musique. En vivant ces situations, je me rends compte de l'impact du smartphone sur nos existences et de la formidable invention qu'il représente. Bien que celui-ci soit tout ce qu'il y a de plus pratique, c'est à ce moment précis que je compris ce qu'implique etpropose un tel objet. Le fait que notre monde tourne autour de ce petit appareil me semble alors encore plus cohérent dans ce genre de situation. Moi qui suis habitué à utiliser mon téléphone portable de manière relativement basique, je suis témoin de ce qu'il peut offrir à ces gens.
Je me permets alors une mise en relation de mon utilisation de cet appareil face à ces inconnus. Je sais que dans mon cas, la moindre notification, le moindre son ou vibration entraîne chez moi un réflexe quasi instantané qui m'attire à regarder mon téléphone. Je suis alors pourvu d'une mission qui est d'assouvir cette curiosité maladive. Je me dois d'examiner ce qui a fait s'affoler mon appareil et mon devoir est alors de régler cette situation en m'y intéressant. Répondre et intéragir avec la moindre des situations au travers de cet écran. Je me demande alors si c'est le cas de tous ces inconnus. Arrivent-ils à être plus sages dans leur utilisation de cet appareil? Je veux dire, le fait d'avoir un créneau défini où il leur est possible de vivre au travers de leur téléphone, cela les rend moins "dépendants" et moins accros le reste du temps? Sont-ils plus mesurés dans leur utilisation ou est-ce complètement le contraire et sont-ils prisonniers de leur appareil dès qu'il glisse dans leurs mains?



J'ai envie de croire qu'ils sont plus disciplinés et que le découpage de leur journée leur permet de se prévenir d'une utilisation abusive que ce soit de cet appareil, mais aussi de toutes les autres tâches qui occupent leurs journées. J'aimerai y croire pour que cela fonctionne sur moi. Je dois vous avouer que cela fait maintenant quelques temps que je traverse cette ville. Je le fais rarement en transport publique mais le fait d'avoir été témoinde ces situations me donnent des idées quant au rapport que j'ai avec ces appareils, mais aussi avec ma journée.
En résumé, je n'aime pas prendre le métro, mais j'ai l'impression qu'il m'a appris quelque chose. Comme quoi, il y a du bon à prendre dans chaque situation, même celle que l'on subit.