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Une place pour tout le monde II

À une heure et un endroit précis

Travailler loin de chez soi n'est pas toujours facile. Rien d'insurmontable à priori, mais l'adaptation forcée demande tout de même une certaine énergie. Jusque là, dans notre environnement connu, une routine efficace basée sur des années de pratique nous a aidé à éliminer le superflu. Tout notre système, alors bien rodé, est remis en question pour quelques instants. Il est nécessaire de s'habituer rapidement à ce nouvel environnement. De cette nouvelle situation découlent quelques problématiques sur lesquelles nous avons plus ou moins le contrôle.

La première problématique réside dans la technique. Dans mon cas, lorsque nous sommes proches de l'agence pour laquelle nous travaillons, les fichiers nécessaires sont disponibles relativement rapidement. Lorsque nous nous trouvons à plus de 6'000km du lieu où ils sont stockés, chaque fichier manquant peut poser de réels problèmes. Le fait de partager sa connexion avec d'autres usagers et les différentes restrictions qui peuvent freiner vos téléchargements peuvent s'ajouter et faire de votre expérience un véritable enfer. Heureusement pour moi, j'avais pris un peu d'avance en téléchargeant les éléments qui allaient potentiellement m'être demandés avant mon départ. Après quelques jours sur place, je me suis aussi rendu compte que le matin (pour moi, donc en fin de journée pour mes collègues européens), il était plus facile de bénéficier d'une meilleure connexion. Les usagers du Pop up lab étant habitués, pour la plupart, à d'autres horaires de travail.

La seconde problématique se trouvait dans les habitudes de travail outre-Atlantique. En effet, je ne sais pas si c'est le cas de tous les espaces collaboratifs, mais celui-ci ouvre vers 9h et ferme vers 17h. Cela veut dire qu'il ne m'est pas possible de passer une journée de travail complète dans cet espace (pour comptabiliser 8h de travail), à moins de ne pas faire de pause de mon arrivée jusqu'à mon départ. Cela n'étant pas une alternative, il me fallait donc trouver une autre solution. Encore une fois, il m'a fallu quelques temps pour trouver la parade. Ma journée commence donc dans la chambre que je loue. Après avoir fait le planning du jour, contacté si nécessaire mes collègues ou encore participé aux différentes séances de fin de journée, je me dirigeais vers l'espace collaboratif.

La troisième problématique vient du décalage horaire. Comme déjà énuméré plus haut, ma journée commence lorsque mes collègues la terminent. L'on pourrait penser que c'est ce qui fait qu'il est impossible ou difficile d'accepter ce genre de situations. Je pense néanmoins que c'est tout là l'intérêt. Ma situation me semble parfaite. Lorsque je suis disponible, une bonne journée de travail est derrière l'agence. Malgré tout, s’il y a encore quelque chose à faire avant le lendemain, je peux m'en occuper. Il y a encore quelques heures où mes collègues vont travailler et il est possible de me contacter pour reprendre leurs projets urgents. Dans un autre registre, une fois les horaires de travail de l'agence dépassés, il n'est plus possible de nous joindre. Je dois avouer être très content de pouvoir m'organiser durant les premières heures et ensuite de bénéficier d'un environnement sans distraction pour avancer rapidement sur mes différents projets. En revenant sur le sol suisse, j'aimerais pouvoir garder cette approche. Avoir une partie de ma journée réservée aux interactions et le reste à la création.

La dernière problématique, si elle en est, provient d'une certaine sensation d'exclusion. Cela peut paraître bizarre, mais le fait d’être loin de ses collègues et de l’ambiance générale de son lieu de travail pèse sur le moral. C’est une problématique qui a été soulevée durant la période du covid 19, ici, au Canada. Cela fera l’objet d’un post plus détaillé, mais en résumé, la situation était plus stricte ici et beaucoup d’employés sont tombés dans une forme de dépression à force de ne plus avoir de lien avec les collègues, ainsi que l’entreprise pour laquelle ils travaillaient (je parle de lien autre que les conversations téléphoniques). Les situations simples peuvent vite devenir complexes par manque de disponibilité. Il en résulte une certaine frustration. De mon point de vue, même si c'est un choix personnel, je pense avoir besoin d'interaction avec les gens avec qui je travaille. Le faire par téléphone ou visio-conférence n'est pas vraiment comparable avec la réalité.

Dans tous les cas, l’expérience vaut le coup d’être vécue. Les côtés qui peuvent sembler négatifs ne le sont que s’ils ne sont pas pris en compte dans l’approche de la démarche. Cela peut être pénible par moment, mais ce n’est que transitoire puisqu’une solution existe forcément. Les côtés positifs restent plus avantageux que ne le sont ces petits contretemps. Ce n'est pas parce que l'autoroute est fermée qu'il n'est plus possible de se rendre là où l'on veut.

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